Blog de la folie ordinaire



lundi 15 mars 2010

Ambiance de QG : Ch'tristoune

Un bar à moitié vide en face de la gare de Lille, à peine une dizaine de sympathisants dans le vieux troquet « Le lion belge » pour regarder les résultats de la liste Ch’ti. Malgré les tentatives répétées de chacun, impossible de rallier à l’antenne la grosse télé ramenée par une militante. Difficile de regarder les résultats. La neige à l’écran, les images en noir et blanc, et le son grésillant, assourdissant.

Polémique : pas de bulletin de la liste ch’tis à Mons-en-Baroeul


François Dubout, tête de liste des Ch’tis.

Ce matin, dans les bureaux de vote de la commune de Mons-en-Baroeul, les électeurs n’ont pas pu glisser de bulletin de la liste ch’ti dans leurs enveloppes. Pendant près de quatre heures, aucun bulletin de cette liste sur les tables. Où sont passés les 10.000 bulletins de vote qui devaient s’y trouver ?

En fin d’après-midi, la préfecture du Nord et la mairie de Mons, 23 000 habitants, se rejetaient la faute.

François Dubout, tête de liste des Ch’tis :

« C’est grave de ne pas pouvoir faire confiance aux instances de la République pour une chose si simple. Il se trouve que c’est ma liste qui a été pénalisée, mais si cela avait été une autre liste, je m’en serais autant indigné. Cela pose un véritable problème moral et démocratique. »


C’est Rachid Azrou, trésorier de la mosquée de Mons-en-Baroeul, qui a le premier sonné l’alerte :

« Vers 10 heures ce matin, je suis allé dans mon bureau de vote de quartier, et là, quelle surprise, pas de bulletin de la liste pour laquelle je comptais voter. »

Ami de longue date du bras droit de François Dubout, il lui a immédiatement téléphoné pour le prévenir. « Cela pose problème que ce soit un de nos amis qui nous prévienne et pas les gens de la mairie qui sont arrivés à huit heures sur les lieux et n’ont rien dit à personne », déplore François Dubout.

À midi, tous les bureaux avaient été approvisionnés. « Nous avons tout de suite mis à disposition de nouveaux bulletins tirés du stock supplémentaire que nous avons », explique la préfecture.

Préfecture contre ville de Mons-en-Baroeul

Reste à savoir pourquoi ces bulletins ne sont pas arrivés sur les tables et où sont passés les 10 000 bulletins qui se sont envolés. Préfecture et commune se rejettent les fautes. « Nous avons mis à la disposition des communes les bulletins de vote depuis mercredi dernier. Nulle part ailleurs il n’y a eu de problème », explique la préfecture.

De son côté, le maire de Mons, Rudy Elegeest estime « qu’il y a manifestement un problème de traçabilité et peut-être de fragilité dans les modalités de remises des bulletins aux services municipaux ».

Pour la liste ch’ti, les réponses ne sont pas seulement à chercher du côté de la logistique. Pour eux, Mons-en-Baroeul est un endroit stratégique : « On a trop de bons amis à Mons. » Ce qui, selon lui, aurait conduit de nombreux électeurs à voter pour sa liste.

Liste ch’ti : une campagne “à l’arrache”

François Coussemens est directeur de la communication de la liste Ch’tis.

Une première pour ce quadragénaire branché plus habitué au monde de l’événementiel qu’à celui de la politique. Il a accepté ce nouveau défi parce que François Dubout, la tête de liste, est un “ami proche”. Et pour cause, François Coussemens est l’agent artistique de “Nénesse”, nom de scène de François Dubout, comique à la ville.

Mission compliquée pour cette campagne lancée il y a à peine cinq semaines. Pas de QG, pas de directeur de campagne, ici « tout le monde se débrouille à l’arrache ».

Le conseil régional, pilier financier de la culture ?

Chaque année, le conseil régional attribue des subventions aux associations culturelles et aux salles de spectacles du Nord-Pas de Calais. Les projets et les publics sont différents, et les montants des subventions du conseil régional tentent de s’adapter à ces spécificités. Des événements voient le jour grâce aux subventions pendant que des salles déplorent un manque de suivi. Tour d’horizon.

Ivan Renar est sénateur communiste du Nord, ancien vice-président du conseil régional chargé de la Culture et vice-président de la Commission des affaires culturelles du Sénat. Il explique le processus et les critères d’attribution des subventions accordées par le conseil régional. Il pointe un problème de taille :

« Le problème, c’est l’ampleur du budget. On est dans une impasse une fois sur deux parce qu’il n’y a pas assez d’argent au conseil régional pour financer correctement toutes les structures. »



« L’intérêt public ». C’est ce qui a poussé des cafés-musique du Nord-Pas de Calais à fonder le Réseau Raoul en 1996. Depuis, la structure a fait du chemin. Elle regroupe 17 adhérents très différents : de l’Aéronef, salle lilloise de 2000 places au Baladin, estaminet et gîte de groupe situé à Torcy. Les adhérents sont tous autonomes financièrement. Le Réseau Raoul est une « plateforme de réflexion où s’effectue une mutualisation des compétences », explique François Jolivet, coordinateur du Réseau Raoul.

Des initiatives rendues possible grâce aux subventions régionales


Le Réseau Raoul a reçu 26 000 euros du conseil régional (pour un budget total de 55 000 euros). Cette manne financière a permis d’organiser des événements comme The Euro Regional Music Meeting (Termm) en novembre dernier. Une journée de réflexion entre professionnels du secteur qui a regroupé français, belges, danois, portugais, hongrois, croates, hollandais et espagnols.

Le Réseau Raoul mène d’autres activités avec l’argent du conseil régional : actions culturelles avec un public particulier (jeunes en difficulté, population carcérale…), accompagnement de groupes régionaux en début de carrière (La Jonction, Luminocolor, Yolk…), campagne de sensibilisation aux risques auditifs, formation des adhérents,…

Les grandes salles qui trustent les subventions au détriment des plus petites ? La comparaison est facile et un peu rapide. François Jolivet s’explique :

« Je ne veux pas créer de faux débat. Il est normal qu’un lieu qui peut accueillir 2000 personnes reçoive plus de subventions qu’un lieu qui ne peut en accueillir qu’une centaine. »

Les petites salles « incomprises »


Même son de cloche au Biplan, association culturelle créée en 1998 et qui combine un théâtre de 80 places et une salle pouvant accueillir 100 personnes. « Je n’en veux pas aux grosses structures parce qu’on n’a pas le même public. Nous sommes un laboratoire de musique et de théâtre », affirme André Denimal, président et directeur du Biplan.

Pourtant, André Denimal est amer. Il a reçu 8 000 euros du conseil régional (pour un budget d’environ 300 000 euros). Insuffisant, selon lui. Il reproche au conseil régional un « manque de vision dans l’avenir et un manque d’encouragement dans la politique de démocratisation de la culture (qu’il) mène ».

L’importance accordée à l’événementiel par le conseil régional irrite également le directeur du Biplan. « L’événementiel c’est bien, mais la pérennité d’un projet est aussi très importante. Le Biplan, c’est 300 concerts par an et près de 200 pièces de théâtre », détaille André Denimal.

Avec plus d’argent, André « dormirait mieux ». Il restaurerait les locaux, organiserait un festival et pérenniserait les emplois. Soixante bénévoles et quatre salariés (dont trois Contrats d’accompagnement dans l’emploi) travaillent au Biplan. « Une employée nous a quittés parce que je ne pouvais pas transformer son CAE en CDI, faute de moyens », déplore-t-il.

Les élections régionales ? André Denimal n’en attend rien : « En pleine campagne électorale, aucun politique n’est venu nous voir pour connaître notre projet ». Plus que des subventions, il réclame de l’attention. « Je ne me sens pas abandonné mais il y a un manque de compréhension entre nous et le conseil régional », insiste-t-il.

Marcel, son orchestre et sa campagne électorale

Marcel et son engagement politique, la suite !

Franck Vandecasteele, chanteur-leader de « Marcel et son orchestre », troque perruques et bas résilles pour un costume plus sérieux, celui d’homme politique. Il est inscrit sur la liste du Front de gauche d’Alain Bocquet. Histoire de son engagement politique, rapports avec le Parti Socialiste, il détaille sa jeune vie d’homme politique.

Marcel et son orchestre : un artiste en politique

Vingt-cinq ans de carrière, 400 000 disques vendus, le groupe « Marcel et son orchestre » est une institution de la région Nord-Pas de Calais. Le chanteur-leader Franck Vandecasteele est inscrit sur la liste du Front de Gauche d’Alain Bocquet. Position fragile de l’artiste engagé en politique, risque de se couper d’une partie de son public ? Il enlève ses chaussures et répond à nos questions.