Blog de la folie ordinaire



mardi 15 décembre 2009

INTERVIEW - IDENTITE NATIONALE

« Combattre les discriminations est le meilleur moyen de cimenter une identité nationale »

Julien Cordier est président de l'Association Franco-berbère de Lille, fondée en mars 2009. Cette association a pour but de faire vivre la culture berbère en France. Pour Julien Cordier, le débat sur l'identité nationale ne pose pas les bonnes questions.

Est-il facile de parler d'identité nationale en France?

Julien Cordier : (Sûr de lui, le regard franc) Il est difficile en France de parler d'identité nationale. Pour beaucoup de gens, le nationalisme évoque les périodes noires de l'histoire de France comme le gouvernement de Vichy. Les vieux démons reviennent. L'identité nationale est perçue de manière jacobine. C'est une vision fermée. L'identité nationale est un ensemble de valeurs, une chose que l'on partage dans la diversité. Or la France s'est construite sur l'idée d'un État fort. Si vous voulez devenir français, il faut oublier ses origines. Mais c'est en valorisant la diversité que chacun se sent pleinement citoyen.

Pour vous, que signifie « être français »?

JC : (Hésitant, Julien Cordier tourne longuement sa cuillère dans sa tasse de café) La société française est composée d'une grande diversité d'origines, de cultures,... C'est sa force! Quand j'entends « nos ancêtres les Gaulois », ça n'est pas moi. Il faut être fier de sa culture d'origine, c'est un atout considérable! (Il marque une pause) Être français c'est avant tout respecter des règles communes. Le respect de l'ordre républicain, des règles de la collectivité, la liberté, l'égalité, la fraternité sont des exemples. Mais nous sommes tous pluriels. Nous portons ensemble ces valeurs mais il ne faut pas pour autant nier son parcours personnel. Il est primordial de prendre en compte la diversité.

Le débat mis en place par le gouvernement pose-t-il les bonnes questions?
JC : Pas du tout! L'identité nationale n'est ni le monopole de la droite, ni celui de la gauche. Elle appartient à tout le monde. C'est la cohésion sociale qui est en jeu. Le lien social est fondamental. Or, plutôt que de discuter de ce qui nous rassemble, il serait plus judicieux de se demander pourquoi nous sommes arrivés à un tel divorce entre l'idée d'appartenir à la nation française et le sentiment de rejet partagé par beaucoup de jeunes, notamment ceux issus de l'immigration. Les question des discriminations, des politiques publiques, du logement sont bien plus importantes que la question de la langue, du drapeau ou de la Marseillaise. Combattre les discriminations est le meilleur moyen de cimenter une identité nationale.

Que proposez-vous?

JC : Il faut repenser les programmes d'histoire à l'école, mettre en place un plan transversal pour lutter contre les discriminations, doubler le budget des missions locales,... Il ne faut pas réinventer l'eau chaude et recréer du lien pour que tout le monde se sente français.

Allez-vous contribuer au débat à la préfecture?
JC : (Regard surpris, il ne semble pas savoir que le mouvement associatif peut proposer des contributions à la préfecture) Nous participerons... L'association a déjà organisé des débats avec des élus, la mairie de Lille ou le Conseil Général du Nord et c'était très intéressant. Il est important de prendre la parole. La vraie question est : comment fait-on pour vivre une identité plurielle?

Grippe A : un centre de vaccination en mal de patients

Les candidats à la vaccination contre la grippe A étaient peu nombreux ce mardi matin à l'ancien collège Jean Macé. Faute de patients, les équipes médicales et d'accueil s'occupent comme elles peuvent. Le vaccin ne rencontre pas le succès escompté.

38 chaises vides. 4 files d'attente désertées. Et 8 agents administratifs chargés de l'accueil qui s'ennuient ferme. "On tue un peu le temps", avoue Mourad. L'ambiance est détendue, on parle football et projets de week-end. Trouver une personne venue se faire vacciner relève de l'exploit. Pourtant, tout est en prêt. Les questionnaires médicaux trônent en bonne place, les médecins relisent leurs fiches d'information et les infirmières préparent leurs seringues. "Il y a des heures de pointe le matin et en fin de journée. Mais là c'est un peu désert", concède Daniel Bonte, sapeur pompier, responsable du site de vaccination. Jeudi dernier, jour de l'ouverture, seules 4 personnes sont venues à l'ancien collège Jean Macé. Ce matin, ils n'étaient qu'une quarantaine à se rendre dans les cinq centres lillois selon Gaëtan Cheppe, responsable du service risques urbains à la mairie de Lille. "Les gens se questionnent sur la provenance du vaccin et sur ses effets secondaires. Cette peur explique peut-être le manque d'affluence. Mais nous sommes tenu d'avoir cette démarche préventive", estime Gérard Rosenblatt, médecin généraliste à la retraite qui s'est porté volontaire pour valider chaque dossier de vaccination.

"Le vaccin sans adjuvant devrait amener le grand public"

Au bout d'un couloir, deux infirmières papotent. Maylis et Anne disposent de 92 flacons de sérum. Soit 920 doses. "Pour l'instant c'est amplement suffisant", sourient-elles, "mais les gens vont peut-être venir plus nombreux quand nous aurons les vaccins sans adjuvant". Le vaccin proposé pour le moment est un vaccin adjuvé, le Pandremix. Il comporte beaucoup de contre indications. Daniel Bonte assure que les vaccins sans adjuvant arriveront dès lundi prochain. Le grand public sera concerné et les convocations seront plus nombreuses. Pour le moment, seules les populations à risque sont encouragées à venir se faire vacciner. Jean-Luc est de ceux là. A 57 ans, il souffre de diabète, d'insuffisances cardiaque et pulmonaire. C'est son pneumologue qui lui a vivement conseillé de se faire vacciner. "C'est important, surtout pour moi", lance-t-il. En attendant plus de citoyens, les équipes médicales et d'accueil pourraient montrer l'exemple. Sur les 12 personnes présentes, aucune n'est vaccinée. Les cordonniers sont les plus mal chaussés.