Blog de la folie ordinaire



lundi 15 mars 2010

Le conseil régional, pilier financier de la culture ?

Chaque année, le conseil régional attribue des subventions aux associations culturelles et aux salles de spectacles du Nord-Pas de Calais. Les projets et les publics sont différents, et les montants des subventions du conseil régional tentent de s’adapter à ces spécificités. Des événements voient le jour grâce aux subventions pendant que des salles déplorent un manque de suivi. Tour d’horizon.

Ivan Renar est sénateur communiste du Nord, ancien vice-président du conseil régional chargé de la Culture et vice-président de la Commission des affaires culturelles du Sénat. Il explique le processus et les critères d’attribution des subventions accordées par le conseil régional. Il pointe un problème de taille :

« Le problème, c’est l’ampleur du budget. On est dans une impasse une fois sur deux parce qu’il n’y a pas assez d’argent au conseil régional pour financer correctement toutes les structures. »



« L’intérêt public ». C’est ce qui a poussé des cafés-musique du Nord-Pas de Calais à fonder le Réseau Raoul en 1996. Depuis, la structure a fait du chemin. Elle regroupe 17 adhérents très différents : de l’Aéronef, salle lilloise de 2000 places au Baladin, estaminet et gîte de groupe situé à Torcy. Les adhérents sont tous autonomes financièrement. Le Réseau Raoul est une « plateforme de réflexion où s’effectue une mutualisation des compétences », explique François Jolivet, coordinateur du Réseau Raoul.

Des initiatives rendues possible grâce aux subventions régionales


Le Réseau Raoul a reçu 26 000 euros du conseil régional (pour un budget total de 55 000 euros). Cette manne financière a permis d’organiser des événements comme The Euro Regional Music Meeting (Termm) en novembre dernier. Une journée de réflexion entre professionnels du secteur qui a regroupé français, belges, danois, portugais, hongrois, croates, hollandais et espagnols.

Le Réseau Raoul mène d’autres activités avec l’argent du conseil régional : actions culturelles avec un public particulier (jeunes en difficulté, population carcérale…), accompagnement de groupes régionaux en début de carrière (La Jonction, Luminocolor, Yolk…), campagne de sensibilisation aux risques auditifs, formation des adhérents,…

Les grandes salles qui trustent les subventions au détriment des plus petites ? La comparaison est facile et un peu rapide. François Jolivet s’explique :

« Je ne veux pas créer de faux débat. Il est normal qu’un lieu qui peut accueillir 2000 personnes reçoive plus de subventions qu’un lieu qui ne peut en accueillir qu’une centaine. »

Les petites salles « incomprises »


Même son de cloche au Biplan, association culturelle créée en 1998 et qui combine un théâtre de 80 places et une salle pouvant accueillir 100 personnes. « Je n’en veux pas aux grosses structures parce qu’on n’a pas le même public. Nous sommes un laboratoire de musique et de théâtre », affirme André Denimal, président et directeur du Biplan.

Pourtant, André Denimal est amer. Il a reçu 8 000 euros du conseil régional (pour un budget d’environ 300 000 euros). Insuffisant, selon lui. Il reproche au conseil régional un « manque de vision dans l’avenir et un manque d’encouragement dans la politique de démocratisation de la culture (qu’il) mène ».

L’importance accordée à l’événementiel par le conseil régional irrite également le directeur du Biplan. « L’événementiel c’est bien, mais la pérennité d’un projet est aussi très importante. Le Biplan, c’est 300 concerts par an et près de 200 pièces de théâtre », détaille André Denimal.

Avec plus d’argent, André « dormirait mieux ». Il restaurerait les locaux, organiserait un festival et pérenniserait les emplois. Soixante bénévoles et quatre salariés (dont trois Contrats d’accompagnement dans l’emploi) travaillent au Biplan. « Une employée nous a quittés parce que je ne pouvais pas transformer son CAE en CDI, faute de moyens », déplore-t-il.

Les élections régionales ? André Denimal n’en attend rien : « En pleine campagne électorale, aucun politique n’est venu nous voir pour connaître notre projet ». Plus que des subventions, il réclame de l’attention. « Je ne me sens pas abandonné mais il y a un manque de compréhension entre nous et le conseil régional », insiste-t-il.

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